Serial experiment lain - Thu, Mar 20, 2025
Diffusé pour la première fois en 1998, Serial Experiment Lain est un animé présentant l’histoire d’une jeune fille nommée Lain. Elle est introvertie et réservée jusqu’au jour où, comme tous les élèves de son école, elle reçoit un e-mail d’une autre jeune fille qui s’était suicidée quelques jours auparavant. Elle explique que son âme a pu s’échapper dans le « Wired » équivalent d’Internet, et qu’elle a trouvé Dieu. À partir de ce moment, on suit l’aventure de Lain, tandis qu’elle explore le Wired et transcende sa condition humaine. Cet animé est extrêmement avant-gardiste. Car, bien que produit en 1998, il aborde des sujets très actuels. La limite entre la réalité et le virtuel ou celle entre un homme et une machine.
Durant ses aventures, Lain comprend qu’elle n’existe que pour les gens qui sont au courant de son existence et que chacun la voit d’une manière différente. Son identité est donc entièrement définie par la perception qu’ont les autres d’elle. Et ces perceptions sont multiples. Cela justifie l’existence de plusieurs Lain, aux intentions parfois mauvaises. Cette réflexion est aussi étendue à la définition d’un dieu. En effet, Masami Eiri explique qu’il est Dieu, car les gens croient en lui. Il perd toute sa puissance lorsque ses croyants sont exécutés et que Lain, dernière personne au courant de son existence, refuse de croire qu’il est réellement Dieu. Cette manière de concevoir le monde, appelée idéalisme, est encore explorée à de nombreuses reprises, par exemple, lorsque Lain efface tout souvenir d’un événement malheureux, Il est traité comme n’ayant jamais existé. Ou encore, dans la manière dont elle se suicide à la fin, en s’effaçant des souvenirs de tout le monde.
« What isn’t remembered never happened Memory is merely a record You just need to rewrite that record »
Un autre thème, extrêmement présent, est celui de la limite entre la réalité et le Wired. Le père de Lain la met en garde :
« It’s just an advanced medium for communication. Don’t get it confused with the real world. »
Cependant, elle lui répond qu’il se trompe, le mode réel est étroitement connecté avec le Wired. Cette connexion est symbolisée tout au long de l’animé par le ciel, qui, à chaque apparence dans un plan, est obstrué par des lignes électriques. De plus, les pouvoirs de Lain, dans le Wired, affectent le monde réel, en lui permettant notamment de voir partout et de modifier la mémoire des gens. L’animé fait là un avertissement ou une prophétie, car cette connexion entre les gens et le Wired, s’est d’abord faite grâce à la télévision et aux ordinateurs, avant de pouvoir se passer d’interface.
Cette étroite connexion avec le Wired pose une autre question dans l’animé, comment déterminer ce qui est humain et ce qui ne l’est pas. En effet, le dieu autoproclamé du Wired est un employé ambitieux qui a intégré sa propre conscience dans le protocole de communication avant de se suicider, abordant la notion de l’intelligence artificielle. L’animé prend la perspective d’Allan Turing qui dit que si une machine parvient à faire croire qu’elle est humaine à un autre humain, alors elle est humaine. En effet, nous sommes incapables de prouver que nous ne sommes pas nous-mêmes des machines biologiques. La différence étant donc simplement le support.
« -Lain, you’re software. You’re not hardware -software ? -yes an executable program with a body »
« You and everyone else, Arisu, you’re just applications »
Cette idée que le corps et l’âme sont totalement distincts et qu’une âme peut vivre uniquement sur le Wired est aussi présente avec le personnage de Mika. Elle se retrouve coincée dans le Wired. Et son corps, sans âme, se comporte comme un zombie pendant tout le reste de l’histoire.
Pour conclure, en plus d’être un excellent anime par ses qualités narratives, SEL est aussi une exploration fascinantes de concepts philosophiques.